Démarche de création

Je fais un art les yeux ouverts autant que possible sur un monde visible avec le souci constant de m’accorder aux lois du naturel et de la vie. Le vécu et les affects, en tant qu’expérience sensible donnent de plus un sens à ma pratique et précisent mon identité créative.IMG_7759

 Des séjours de formation dans la culture japonaise particularisent mon parcours grâce aux enseignements reçus d’un maître japonais à l’Université publique de Tokyo. Empruntée à la culture japonaise, mon médium de travail, la Nihonga appartient à une ancienne tradition, un savoir-faire acquis sur une trentaine d’années de pratique, de recherche et de diffusion. À travers les rituels d’application des pigments de minéraux spécifiques à ce médium, j’ai pu introduire une philosophie orientant le travail créateur afin de l’intégrer aux paramètres esthétiques de l’art contemporain. Fidèle au fondement de cette pratique étrangère, l’appropriation de ce médium dans ma culture me permet d’atteindre une singularité esthétique dépassant toute fixation stérile dans la pure maîtrise technique. Dans ma pratique, j’aspire à cette transmutation de la matière en lumière, en profondeur, en mouvement évanescent. J’aborde dans ma réflexion une phénoménologie du processus créateur et me questionne sur les  manifestations de la science et de la nature, versus d’anciennes sagesses de l’Orient.

Dans mon langage visuel, j’explore une esthétique du temps et une occupation de l’espace, le plein et le vide, spécifique à la philosophie japonaise. L’ouverture sur le vide transforme le temps vécu en espace vivant, incite au recueillement. Ces pistes éclairent une façon de rencontrer l’art de la préhistoire, pour sortir du temps linéaire et aborder cette nouvelle présence de l’art autrement. Puisque le monde contemporain contient ses origines, tel l’individu contient les siennes : sa génétique, son enfance et ses expériences.

Les pigments de minéraux de l’art rupestre et ceux de la Nihonga relient ces deux univers pourtant de parenté lointaine. Approfondir cette réflexion permet de réactiver le geste premier de l’acte de création, pour dégager une notion de métissage dans une dimension anhistorique et transculturelle. Je m’intéresse au lien subtil et fluide entre le passé mythique et l’avenir fabuleux pour aborder l’infiniment présent. J’explore une genèse où la matière et la lumière s’organisent comme au commencement : la couleur avant la forme pour mesurer l’étendue infinie ou la profondeur insondable.

C.v complet 2016   Cliquez sur ce lien pour ouvrir le fichier