Terre de conception

Terre de conception 72 x 72 po. Nihonga, pigments de minéraux sur papier, marouflé sur bois. L’œuvre auto-portante est articulée selon les charnières de papier spécifiques au Byobu japonais. Présenté au sol, l’angle concave produit l’espace dans lequel se trouve le regardeur et crée une dynamique enveloppante comme s’il faisait partie de l’œuvre.

Terre de conception était réalisée dans le cadre d’un programme de maîtrise à l’Université Laval.

Ce rouge fait du bien, il rejoint le processus de conception à cause du noyau, tout en volume, qui occupe au centre, le tiers de l’espace, une masse en fusion comme l’étoile naissante, qui redevient masse rouge avant de s’éteindre. L’astrophysicien Hubert Reeves raconte ainsi la vie des corps célestes, depuis l’origine de l’univers. J’ai découvert dans Le Livre tibétain de la vie et de la mort, de Sogyal Rinpoché, lama tibétain, un passage traduisant le tableau que je venais de terminer, à propos du noyau du commencement, de l’origine, où l’ovule baigne dans l’espace spermatique blanc. Selon la culture bouddhiste tibétaine, le processus de conception revient aussi au moment de la mort par le processus de dissolution :

… le processus de la mort reproduit à l’inverse celui de la conception[…] l’essence blanche héritée de notre père, située au sommet de notre crâne descend par le canal central en direction du cœur. L’essence de la mère, un noyau rouge et chaud, situé un peu en bas du nombril, s’élève vers le cœur. Quand les essences rouges et blanches se rencontrent, la conscience se trouve emprisonnée entre les deux. Le signe extérieur est une expérience d’obscurité, comme un ciel vide plongé dans les ténèbres[1].

 

[1] Rimpoché, Sogyal, Le Livre tibétain de la vie et de la mort, La table ronde, Paris 2003, p.459.